• Amour perdu

    "Mes yeux sont aveugles s'ils ne te voient

    Mes oreilles sourdes si elles ne t'entendent

    Mon cœur bat pour toi

    Et je ne redoute qu'une chose: que tu me le rendes"

    Je lis ces quelques mots. Peu de mots pour toute une lettre; peu de mots pour tant de bonheur. Bonheur perdu, rêve envolé, espoir brisé. Il s'en est allé. Nous étions si heureux quand nous nous aimions! Chaque jour je recevait l'une de ses lettres. Une lettre, un poème et une fleur des champs. Aujourd'hui il m'a repris les lettres et les fleurs comme mon cœur se sont flétries. Il ne me reste que ces quatre vers.

         Il a suffit d'une phrase que j'ai dite. C'est bien peu, n'est-ce pas? Mais c'est déjà trop. "Regarde ce qu'il m'a écrit hier!" ai-je dit à ma sœur. Bavardages innocents de jeunes filles. Lorsqu'elle a lu le quatrain que j'ai conservé encore aujourd'hui, elle a dit , je croyais en riant: "Il devrait écrire un livre!" Et cette idée a fait son chemin. Finalement, un recueil est sorti, étincelant avec sa couverture rouge entourée de plastique et son ruban de matière synthétique dorée. Il est devenu célèbre. Il allait à des salons, à des émissions, il était la coqueluche du monde entier. Et nous en étions heureux! Il rentrait toutes les semaines et m'envoyait encore des lettres, une par jour.

         Puis son inspiration s'est tue. Il ne pouvait plus écrire. Alors il a puisé dans ce qu'il avait déjà écrit: mes lettres. Oh, ce n'était pas grand-chose: à peine un vers par-ci, une rime par là. Mais au fur et à mesure les vers devinrent strophes, puis poèmes entiers. Il ne m'en resta plus qu'un. Les mots qui avaient fait ma joie, mon bonheur, ne m'appartenaient plus. Ils étaient au monde entier maintenant. Mon bonheur, il l'avait vendu.

        La dernière fois que je l'ai vu, il m'a demandé ce poème que j'ai toujours. C'était le dernier, mon trésor, mon âme en quelque sorte. J'ai refusé. Il m'a implorée puis menacée. J'ai tenu bon. Il a dit que c'était parce que je ne l'aimais pas. Il est parti. je ne l'ai pas retenu. Mon cœur avait pour la première fois laissé sa place à la raison. "Adieu", ai-je dit.

         Aujourd'hui j'ai toujours ce poème. Le feu, dans la cheminée, s'affaiblit. Je jette alors dans les flammes la dernière strophe. Adieu, quatrain de mon passé! Avec toi vont disparaître mes souvenirs. Seule restera peut-être le regret: c'est moi qui ai dit la phrase de trop, moi qui t'ai fait changer, mon amour, moi qui ai vu trop tard le danger du chemin que tu arpentais en croyant avoir le bonheur. Pardonne-moi, mon pauvre amour perdu par ma faute, par mon aveuglement, par ma fierté!

    Partager via Gmail Delicious Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks

  • Commentaires

    7
    Dimanche 6 Avril 2014 à 17:30

    Woaw, ton texte est super ! j'aime beaucoup ^^

    6
    Samedi 5 Avril 2014 à 17:03

    Merciiiiii!^^

    Soeurette> un p'tit quelque chose comme quoi?

    5
    Jeudi 3 Avril 2014 à 20:40

    Waaaaaah! C'est beaaaaau!°o°

    J'adore!><

    C'est vraiment très émouvant et original!^^

    Il manque cependant un p'tit quelque chose et ce serait super!!^^

    4
    Lundi 31 Mars 2014 à 16:19

    Vraiment très beau texte, je suis super impressionnée ! Autant par l'histoire profonde et originale que par ton style d'écriture yes Bravo !!!

    C'est vrai que c'est dommage qu'il n'y ai pas de paragraphes...

    3
    Dimanche 30 Mars 2014 à 20:58

    Merci!

    2
    Dimanche 30 Mars 2014 à 18:57

    Je trouve ton texte très intéressant ^^

    bravo, c'est très bien écrit ! ^^

    1
    Samedi 29 Mars 2014 à 20:18

    Oh non! Désolée, il devait y avoir des paragraphes mais quand j'ai publié ça a tout mis à la suite! Pourtant quand je fais "éditer" ils sont bien là! Enfin bref, désolée, j'espère juste que vous aimerez quand même!

    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :